MPLS vs IPSec : quel VPN d’entreprise choisir pour vos sites distants ?
Toute entreprise comportant plus d’un site, ou des collaborateurs travaillant en situation de mobilité, se pose la question du VPN. Sa mise en place permet d'établir des "tunnels” garantissant des échanges sécurisés au sein d'un réseau privé, et des connexions sûres à vos applications (téléphonie sur IP...). Mais quel type choisir : VPN IPSec ou VPN MPLS ? Voici des éléments de réponse, accompagnés d'une infographie.
Deux approches dominent le marché de l’interconnexion de sites distants : le VPN IPSec, économique mais imprévisible, et le VPN MPLS, plus coûteux mais offrant des garanties de service. Dans les environnements les plus critiques, ce VPN s’appuie généralement sur une fibre dédiée entreprise (FTTO) pour disposer d’un débit symétrique garanti et d’une réelle continuité de service. Chacune répond à des besoins différents. Pour bien choisir votre architecture réseau d’entreprise, vous devez comprendre précisément ce qui distingue ces deux technologies, leurs avantages respectifs et leurs limites réelles en conditions professionnelles.
VPN IPSec et VPN MPLS : comprendre les fondamentaux
Avant de déterminer quel VPN choisir pour votre entreprise, il est essentiel de maîtriser les principes de fonctionnement de ces deux architectures réseau qui dominent le marché de l’interconnexion multisites.
Le VPN IPSec : la solution Internet économique
L’interconnexion entre vos sites repose ici sur l’accès Internet de chacun d’eux. Les données transitent donc par le réseau public, ce qui impose un cryptage systématique via le protocole IPSec afin d’assurer leur protection. Cette encapsulation sécurisée crée un “tunnel VPN chiffré” qui garantit la confidentialité de vos échanges même si les données voyagent sur Internet.
Concrètement, chaque site doit être équipé d’un firewall capable de monter un tunnel sécurisé vers les autres sites et de gérer localement les politiques de sécurité. Cette décentralisation présente des avantages en termes de flexibilité et de coût initial, mais complexifie la gestion globale de votre infrastructure.
Le VPN MPLS : le réseau privé opérateur
Avec un VPN MPLS, l’interconnexion n’utilise pas Internet. Grâce au fonctionnement du MPLS (Multi-Protocol Label Switching), il devient possible de prioriser certains flux sur d’autres de manière garantie et bidirectionnelle, tout en bénéficiant d’une supervision avancée. Le principe repose sur un réseau privé opéré de bout en bout, où vos données ne transitent jamais par le réseau public.
La sortie Internet est, quant à elle, mutualisée et hébergée en cœur de réseau chez l’opérateur, ce qui permet d’unifier la sécurité et les politiques de filtrage. Un seul firewall centralisé protège l’ensemble de vos sites, simplifiant drastiquement la gestion de votre cybersécurité.
Tableau comparatif détaillé : VPN IPSec vs VPN MPLS
Pour vous aider à prendre la meilleure décision, voici une analyse point par point des deux technologies sur les critères essentiels à votre activité.
Quelles sont les différences entre VPN IPSec et VPN MPLS ?
Pour comprendre quel VPN s’adapte le mieux à votre environnement, examinons précisément ce qui différencie ces deux modèles sur chaque critère opérationnel.

Sécurité et architecture des tunnels VPN chiffrés
Dans un contexte IPSec, l’interconnexion reposant sur un firewall local, chaque site doit être configuré et maintenu individuellement. Les politiques de sécurité (règles de filtrage, VLANs, contrôles d’accès) doivent être répliquées et alignées manuellement sur chacun des équipements. Cette décentralisation génère des risques d’incohérence et multiplie les points de défaillance.
Si, par exemple, vous devez bloquer l’accès à un nouveau service cloud non conforme, vous devrez mettre à jour la configuration sur les 10 firewalls de vos 10 sites, en espérant ne pas faire d’erreur de saisie. Un oubli sur un site crée une faille de sécurité.
Dans un environnement MPLS, Internet étant hébergé en cœur de réseau, le firewall l’est également. La sécurité se gère alors de manière centralisée pour l’ensemble des sites, ce qui renforce la cohérence et permet de solidifier la cybersécurité de votre infrastructure. Une seule modification, immédiatement répliquée sur tous les sites, sans risque d’erreur.
Débit et consommation de bande passante
Le VPN IPSec sécurise les données en les encapsulant dans un tunnel chiffré, ce qui entraîne une consommation supplémentaire de bande passante. Cette overhead est incompressible : en moyenne, environ 15% du débit est utilisé pour le cryptage et l’ajout des en-têtes IPSec. Si vous disposez d’un lien 100 Mbps, seuls 85 Mbps seront réellement exploitables pour vos applications.
Le VPN MPLS, de son côté, ne repose pas sur un tunnel chiffré en continu puisque les données transitent sur un réseau privé. Il permet donc de tirer pleinement parti des débits disponibles, tout en modulant les flux selon leur nature grâce à la QoS. Vos 100 Mbps restent 100 Mbps effectifs.
Par exemple, sur un lien 100 Mbps à 200€/mois, l’overhead IPSec vous fait perdre 15 Mbps soit l’équivalent de 30€/mois de bande passante inutilisable. Sur 10 sites, cela représente 3 600€/an de capacité gaspillée.
QoS : la qualité de service qui change tout
La QoS (Quality of Service) permet de prioriser certains flux selon leur criticité comme la téléphonie IP, la visioconférence, les applications métiers en temps réel, l’ERP, le CRM… Ce principe est natif et garanti contractuellement dans le MPLS. L’opérateur s’engage sur des seuils de latence, de gigue et de perte de paquets pour les flux prioritaires.
Un VPN IPSec, reposant sur Internet, ne permet pas de garantir une telle priorité, car les paquets transitent sur un réseau public non maîtrisé où vous n’avez aucun contrôle sur le routage et les encombrements. Votre flux de VoIP devra “lutter” avec tous les autres flux Internet (streaming, téléchargements…) sans aucune garantie de passage.
Par exemple, prenons une entreprise de 50 personnes avec téléphonie IP et 20 commerciaux en visio quotidienne. En IPSec, aux heures de pointe (9h-10h, 14h-15h), la qualité se dégrade : voix métallique, coupures, image saccadée. En MPLS, la QoS garantit que ces flux passent en priorité absolue, quelle que soit la charge réseau.
Pour la VoIP et la visioconférence, le MPLS n’est pas une option, c’est une nécessité.
Mobilité et accès nomade sécurisé
Le VPN MPLS et le VPN IPSec permettent tous deux l’accès nomade, mais différemment :
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En MPLS, la mobilité repose sur l’ajout de tunnels IPSec vers le cœur réseau. Les utilisateurs distants se connectent via un client VPN à une tête de réseau centralisée, puis accèdent aux ressources via le réseau MPLS. C’est une architecture hybride qui combine sécurité IPSec pour le “dernier kilomètre” et performance MPLS pour l’interconnexion.
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En IPSec pur, la mobilité fait partie intégrante du modèle, puisque l’utilisateur se connecte directement au firewall de son site depuis Internet. Chaque site peut accepter des connexions VPN entrantes. Solution simple pour des besoins basiques, mais qui décentralise la gestion des accès.
Pour les entreprises avec télétravail intensif (>30% des effectifs), privilégiez un modèle hybride MPLS + IPSec nomade avec authentification centralisée pour un contrôle d’accès unifié.
Supervision et pilotage de l’infrastructure réseau
Le VPN IPSec permet de superviser la consommation de bande passante sur chaque site, via les firewalls locaux. Vous voyez ce qui entre et sort, mais vous n’avez aucune visibilité sur ce qui se passe entre deux sites ni sur la qualité du transit Internet.
Le VPN MPLS propose une vision nettement plus riche et centralisée via un portail opérateur :
- Trafic intersites en temps réel (qui parle à qui ?)
- Analyse des usages par protocole (VoIP, HTTP, bases de données…)
- Métriques de qualité : gigue, latence, taux de perte de paquets
- Alertes proactives avant dégradation critique
- Historiques et rapports pour optimisation capacitaire
Votre agence de Lyon rame depuis une semaine. Avec IPSec, vous devez investiguer manuellement, site par site. Avec MPLS, votre portail vous montre immédiatement que le lien Lyon-Paris est saturé à 95% aux heures de pointe, et que 60% du trafic est constitué de sauvegardes non optimisées. Vous pouvez agir en connaissance de cause.
Cette supervision avancée est précieuse pour piloter un réseau multi-sites de manière proactive plutôt que réactive.
Résilience et continuité de service
Les applications web d’une entreprise (messagerie, portail extranet, accès distant…) sont souvent associées à une adresse IP publique. Cette IP doit rester accessible en permanence.
Dans un modèle IPSec, une adresse IP publique dépend généralement d’un lien Internet physique. En cas de panne du lien, les services hébergés sur le site deviennent inaccessibles de l’extérieur, même si le site dispose d’un lien de secours. Il faut basculer manuellement ou attendre une repropagation DNS (plusieurs heures).
Avec un VPN MPLS, l’adresse IP publique peut basculer automatiquement sur un autre lien en cas de défaillance du lien principal, grâce à des mécanismes de haute disponibilité (BGP, VRRP). Cela assure une continuité opérationnelle même en cas de défaillance locale, sans intervention humaine et en quelques secondes.
Pour un site e-commerce ou un service client en ligne, 1 heure d’indisponibilité peut représenter des milliers d’euros de pertes et une dégradation durable de l’image. Le MPLS avec résilience automatique devient alors un investissement rentable.
Architecture VPN Hybride : le meilleur du MPLS et de l’IPSEC
Les deux modèles ne sont pas exclusifs. Dans de nombreux cas, ils se complètent parfaitement pour créer une architecture réseau optimale.
Principe de l’hybridation
Une architecture VPN hybride combine :
- Un réseau MPLS pour l’interconnexion des sites principaux (siège, sites de production, agences majeures)
- Des tunnels IPSec pour raccorder les sites secondaires, les implantations étrangères et les utilisateurs nomades
Par exemple, une entreprise de 8 sites peut structurer son réseau ainsi :
- 5 sites nationaux reliés en VPN MPLS (siège + 4 agences régionales)
- 1 site international (Espagne) intégré via tunnel IPSec vers le cœur MPLS français
- 1 site temporaire (chantier 6 mois) connecté en IPSec
- 50 commerciaux nomades avec client VPN IPSec vers le réseau MPLS
Avantages de l’approche hybride
Optimisation des coûts : Vous investissez dans le MPLS là où c’est stratégique (sites principaux, flux critiques) et utilisez l’IPSec pour les besoins secondaires ou temporaires.
Flexibilité maximale : Vous pouvez intégrer rapidement un nouveau site en IPSec, puis basculer vers MPLS si son importance stratégique le justifie, sans remettre en cause toute l’architecture.
Couverture internationale : Le MPLS international étant très coûteux, l’hybridation permet de relier économiquement des sites étrangers tout en conservant la performance MPLS en local.
Support du télétravail : Les tunnels IPSec nomades s’intègrent naturellement au réseau MPLS, offrant aux télétravailleurs un moyend ‘accéder de façon sécurisée aux ressources de l’entreprise.
Le choix entre MPLS et IPSec dépend de vos usages, de vos priorités et de la criticité de vos flux métiers.
L’IPSec reste pertinent pour des besoins simples et maîtrisés.
Le MPLS s’impose dès que la stabilité, la QoS et la supervision deviennent essentielles. Pour le choix d’architecture WAN globale, voir aussi notre analyse SD-WAN vs VPN MPLS : à quel réseau se fier ?
Dans la majorité des environnements complexes, la combinaison des deux, le VPN hybride, constitue la réponse la plus robuste, évolutive et cohérente.
Tableau comparatif entre le VPN MPLS et le VPN IPSEC
| Critère | VPN IPSec | VPN MPLS | Recommandation |
|---|---|---|---|
| Coût initial | Faible (firewalls uniquement) | Élevé (équipements + installation) | IPSec pour démarrage rapide |
| Sécurité | Forte (cryptage IPSec) mais gestion dispersée | Forte, centralisée, cohérente | MPLS pour multi-sites complexes |
| Débit disponible | -15% (overhead cryptage) | 100% (pas d’encapsulation) | MPLS si bande passante critique |
| QoS (priorisation) | Non garantie (dépend d’Internet) | Native et garantie par SLA | MPLS indispensable pour VoIP/visio |
| Latence réseau | 50-200ms+ (variable) | 30-50ms (garantie) | MPLS pour applications temps réel |
| Gigue (stabilité) | Variable, imprévisible | Maîtrisée < 5ms | MPLS pour téléphonie IP |
| Disponibilité (SLA) | 95-98% (selon FAI) | 99-99,9% (garanti) | MPLS pour haute disponibilité |
| Supervision | Limitée (firewall local) | Avancée (flux, usage, santé liens) | MPLS pour pilotage proactif |
| Temps de rétablissement | Variable (dépend du FAI) | GTR 4h à 24h selon contrat | MPLS pour continuité critique |
| Scalabilité | Complexité exponentielle | Linéaire (gestion centralisée) | MPLS au-delà de 5 sites |
| Mobilité / Télétravail | Native | Via tunnels IPSec additionnels | Les deux supportent bien |
| Résilience IP publique | 1 IP = 1 lien (risque coupure) | Bascule automatique multi-liens | MPLS pour serveurs critiques |
| Mise en œuvre | Rapide (quelques jours) | Plus longue (2-6 semaines) | IPSec pour urgence |
| Complexité de gestion | Élevée (N firewalls) | Faible (centralisée) | MPLS = économie temps IT |
| Indépendance opérateur | Oui (multi-FAI possible) | Non (un seul opérateur) | IPSec pour flexibilité maximale |