SIEM
Une entreprise moderne dispose de milliers de points d’entrée numériques : serveurs, postes de travail, applications cloud… Ces derniers constituent autant de sources de hacking potentielles. Ainsi, comment procéder pour garder une vision unifiée des menaces ? C’est précisément là qu’intervient le SIEM, ou Security Information and Event Management.
Quelle est l’origine du SIEM ?
Tout d’abord, l’origine du SIEM trouve ses racines dans l’essors des infrastructures numériques et le développement des menaces sous-jacentes. Pour cette raison, les entreprises durent faire face à un volume croissant de données de sécurité à analyser nécessitant l’usage d’outils adéquates.
Deux technologies existaient alors : le SIM (Security Information Management) et le SEM (Security Event Management). Le SIM se concentrait sur la collecte et le stockage des journaux de sécurité pour permettre des analyses a posteriori et des audits, tandis que le SEM assurait la surveillance en temps réel des événements pour identifier des anomalies.
Hélas, le SIM offrait une vision historique, mais manquait de réactivité, tandis que le SEM alertait sur des anomalies en temps réel, sans permettre une analyse approfondie des tendances historiques. Ce manque d’intégration rendait difficile la corrélation entre les événements passés et présents, pourtant essentielle pour identifier des menaces complexes.
C’est donc dans ce contexte que naquit le SIEM, conçu pour réunir les capacités du SIM et du SEM en une seule plateforme unifiée.
Qu’est-ce qu’un SIEM ?
Le SIEM est une plateforme centralisée chargée de collecter, normaliser et analyser les journaux d’événements provenant de multiples sources au sein d’un système d’information. Ces sources peuvent inclure des firewalls, des serveurs, des applications, des équipements réseau et des terminaux.
En corrélant ainsi ces données, le SIEM identifie des schémas qui pourraient indiquer une activité malveillante ou des incidents de sécurité.
Un SIEM combine donc deux fonctions essentielles à toute stratégie de cybersécurité (rappelez-vous les SIM et SEM) : la gestion des évènements de sécurité et la gestion des informations de sécurité.
De ce fait, cette technologie s’avère être une alliée dans la prévention des fuites de données au sein de l’entreprise. Pour cette raison, le SIEM est souvent une composante clé d’un centre opérationnel de sécurité (SOC), où les équipes analysent et répondent aux menaces identifiées.
Comment fonctionne un SIEM ?
Le fonctionnement d’un SIEM se décompose en 4 étapes successives que voici.
Collecte des données
En premier lieu, la collecte des journaux d’événements constitue la base du fonctionnement du SIEM. Ces journaux, appelés Event Logs, proviennent d’une multitude de sources au sein de l’entreprise. Car chaque événement consigné reflète une activité spécifique, qu’il s’agisse d’une connexion réussie, d’un échec d’accès ou d’un transfert de données. En conséquence, le SIEM centralise ces informations pour créer une base de données exhaustive. Autrement dit, cela équivaut à rassembler toutes les pièces d’un puzzle pour permettre une analyse globale des activités au sein du système d’information.
Normalisation des données
D’autre part, les données collectées par le SIEM proviennent de différentes sources qui utilisent souvent des formats et des structures hétérogènes. Cependant cette diversité rend difficile l’analyse directe. Donc, pour résoudre ce problème, le SIEM applique un processus de normalisation. Celui-ci consiste à transformer les données brutes en un format standardisé, compatible avec les règles d’analyse et de corrélation. Par exemple, les journaux d’un serveur Linux et ceux d’un routeur Cisco peuvent être traduits dans un langage commun. Finalement, cette étape garantit que toutes les informations, quelle que soit leur origine, peuvent être corrélées de manière efficace et exploitable.
Corrélation et analyse
Ensuite, une fois les données normalisées, le SIEM applique des règles prédéfinies ou des algorithmes d’intelligence artificielle pour analyser les événements et détecter des anomalies. La corrélation consiste plus précisément à relier des événements distincts pour identifier des comportements potentiellement malveillants. Par exemple, un collaborateur tentant de se connecter à un système depuis une localisation inhabituelle, puis accédant à des fichiers sensibles, peut être considéré comme un comportement suspect. De même, des tentatives répétées d’accès échouées suivies d’une connexion réussie peuvent signaler une attaque par force brute. Cette étape permet donc d’isoler les menaces réelles des activités légitimes.
Alertes et rapports
Lorsque le SIEM détecte une activité anormale ou suspecte, il génère une alerte pour informer les équipes de sécurité en temps réel. Ces alertes sont souvent accompagnées de rapports détaillés, qui décrivent les événements ayant conduit au déclenchement de l’alerte, ainsi que leur contexte. Plus précisément, les rapports peuvent inclure des informations telles que l’heure, l’origine, la nature des activités suspectes, et les systèmes impactés. Ces données sont donc essentielles pour permettre une réponse rapide et bien informée aux incidents. En parallèle, le SIEM génère également des rapports périodiques pour assurer un suivi continu et faciliter les audits de conformité.
Quels sont les avantages du SIEM ?
L’outil semble complexe ? Il l’est dans sa constitution mais son usage s’avère incroyablement utile. Voici pourquoi les entreprises le considèrent comme un pilier de leur stratégie de cybersécurité :
Une vision unifiée
Tout d’abord, le SIEM propose une vision centralisée de l’information. Imaginez en effet si les équipes cyber devaient éplucher quotidiennement les centaines de journaux afin d’y établir des corrélation… Le SIEM se charge donc de cette tâche fastidieuse. Les informations essentielles sont ainsi regroupées au sein d’un tableau de bord clair capable d’émettre des alertes automatisées.
Une détection des menaces en amont
Ensuite, le SIEM va identifier les attaques dès leurs prémices grâce à l’analyse de signaux faibles. Cette intervention en amont constitue ainsi un avantage majeur face aux hackers puisque Le temps constitue un facteur clé. De même, il identifie des schémas complexes pouvant échapper à d’autres outils de sécurité. Le SIEM peut par exemple s’occuper de la surveillance des trafics DDoS.
Application des règles de sécurité
La plupart des entreprises mettent en place des règles de sécurité qui s’appliquent aux utilisateurs. Il peut s’agir par exemple d’accès à certaines informations, à la connexion sur certains logiciels etc.
Grâce à l’analyse comportementale, le SIEM peut signaler les activités qui enfreignent ces politiques de sécurité ou les réglementations en vigueur.
La conformité réglementaire
De nombreux secteurs d’activité, tels que la finance ou la santé, requièrent des pratiques strictes en matière de sécurité informatique. De plus, la législation tend à durcir les règles en termes de protection des données, à l’image du RGPD ou de NIS 2. Le législateur impose aux organisations de prouver qu’elles surveillent, protègent et traitent correctement les informations sensibles.
Le SIEM joue un rôle clé dans cette démarche en centralisant et en automatisant la collecte, le stockage et l’analyse des journaux d’événements.
Exemples d’utilisation d’un SIEM
La détection de ransomware
Un ransomware peut commencer par une activité anodine, comme l’ouverture d’un fichier joint. Cependant, la corrélation des événements permet au SIEM d’identifier l’attaque avant qu’elle ne se propage. Ces évènements peuvent prendre la forme suivante :
- Exécution d’un processus suspect,
- des connexions inhabituelles,
- des modifications massives de fichiers,
- Etc.
Pour cette raison, il est important de comprendre les ransomwares : types, méthodes et solutions.
La gestion des accès privilégiés
Les comptes administrateurs constituent des cibles privilégiées pour les cybercriminels. Un SIEM peut surveiller en permanence leur activité et détecter des comportements inhabituels. Ces activités peuvent prendre la forme suivante :
- Des connexions en dehors des heures normales,
- des tentatives répétées d’accès,
- Etc.
La prévention des violations de données
En surveillant les transferts de données sensibles, un SIEM peut alerter en cas d’exfiltration suspecte, protégeant ainsi les informations critiques de l’entreprise.
Défis et limites d’un SIEM
Le SIEM offre des avantages indéniables mais possède des limites. L’une des principales réside dans la gestion des faux positifs. En effet, un SIEM mal configuré peut générer un grand nombre d’alertes non pertinentes. Or celles-ci vont inutilement surcharger les équipes de sécurité et provoquer une fatigue opérationnelle. A ce titre, une configuration précise et un affinement continu des règles d’analyse s’avèrent cruciaux au bon fonctionnement de la solution.
Ensuite, la complexité de mise en œuvre constitue un autre facteur à considérer. Car installer et intégrer un SIEM dans un environnement existant requiert des ressources, tant en termes de compétences internes que de budget. De surcroit, entre le prix de la licence, les frais d’installation, la maintenance continue et les mises à jour, le SIEM représente un investissement significatif. Toutefois, il est important de le considérer comme une assurance essentielle pour protéger les actifs critiques d’une organisation.
Surmonter les limites du SIEM
Le SIEM ne vient pas qu’avec des qualités. Le SIEM réclame du travail, de l’investissement et quelques ajustements.
Tout d’abord, l’aspect économique va établir une barrière financière. Pour les petites et moyennes entreprises (PME), ces coûts peuvent être prohibitifs. À cela s’ajoute la nécessité d’une équipe de sécurité qualifiée pour interpréter les alertes et ajuster les règles de corrélation. Cependant, des solutions gérées comme le MDR (Managed Detection and Response) permettent de déléguer la surveillance et la réponse aux menaces à des experts tiers.
Ensuite, bien que puissant pour centraliser et analyser les journaux d’événements, un SIEM peut être limité lorsqu’il s’agit d’automatiser les réponses aux incidents. Pour combler cette lacune, de nombreuses entreprises adoptent des outils complémentaires comme le SOAR (Security Orchestration, Automation, and Response), qui permettent d’automatiser les processus de sécurité et d’orchestrer les réponses à grande échelle. De même, la combinaison du SIEM avec une protection des comptes utilisateur grâce au MFA (Multi-Factor Authentication) est essentielle pour sécuriser les accès. Cependant, il est conseillé d’anticiper les coûts d’un incident avec une cyber-assurance.
Pour les entreprises, investir dans un SIEM ne se résume pas à l’achat d’un logiciel. C’est un pas vers une approche plus mature et proactive de la sécurité, où les données deviennent des atouts stratégiques dans la protection des actifs numériques. Combiné à un logiciel EDR , le SIEM offre une solution complète pour surveiller non seulement les réseaux, mais aussi les terminaux des utilisateurs, renforçant ainsi la détection des menaces avancées.